En Île-de-France, des œuvres uniques naissent de la rencontre insolite et féconde entre des jeunes adolescent.es en situation de handicap et des artistes contemporains.
Fondée en 1994 par l’artiste Corinne Digard, l’association Orange Rouge organise depuis 2006 des ateliers d’expression artistique au sein de structures éducatives accueillant des adolescents handicapés mentaux et sensoriels ou souffrant de troubles du comportement et des apprentissages : unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS), sections d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) de collèges ou instituts médico-éducatifs situés dans des quartiers défavorisés d’Île-de-France.
Quelques chiffres
3K participants depuis sa création
137 œuvres d’art créées collectivement
95% des enseignants jugent que la démarche a eu un impact positif
Le projet
Résultats et impact
La participation aux ateliers de cocréation d’Orange Rouge apporte confiance, reconnaissance et plaisir d’apprendre à des adolescents fragilisés par les difficultés et l’isolement. Ces derniers consolident leurs compétences de base – lire, écrire, s’exprimer à l’oral – tout en acquérant de nouveaux savoir-faire et une ouverture culturelle qui contribuent à leur insertion scolaire et sociale.
Le dispositif crée du lien et ouvre des possibles en faisant se rencontrer des mondes qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer. Il donne l’occasion aux familles de découvrir le potentiel de leurs enfants, et d’une manière plus générale, concourt à faire évoluer les regards sur le handicap. En 2018, l’association, qui animait jusque-là une dizaine d’ateliers chaque année, a souhaité passer à la vitesse supérieure. Déjà très active dans les quartiers défavorisés de Seine-Saint-Denis et de Paris, l’association a investi de nouveaux territoires en montant des ateliers supplémentaires dans des quartiers prioritaires de l’Essonne et des zones rurales de Seine-et-Marne. Ce sont ainsi 20 projets franciliens qui ont vu le jour dans l’année scolaire 2018-2019, avec l’aide de la Fondation Transdev pour co-financer les achats de matériel artistique et pédagogique. Sous le titre générique « Un discret bijou », ces créations ont donné lieu à une exposition, une pièce de théâtre et une publication présentées à La Nef-Manufacture d’utopies de Pantin (93) en janvier-février 2020. Au même moment, dans de nouveaux ateliers, une vingtaine de groupes de jeunes et d’artistes ébauchaient déjà les œuvres de la nouvelle saison…
Pourquoi la mobilité sociale ?
« Ces adolescents scolarisés hors des circuits classiques sont dans l’invisibilité. Ils ont très peu de contacts avec les autres jeunes de leur âge. Au poids de leur handicap s’ajoutent souvent des parcours de vie difficiles. Dans les ateliers se produit une alchimie qui les révèle à eux-mêmes et leur permet de montrer ce dont ils sont capables. L’art ouvre des portes et des fenêtres qui leur restent habituellement fermées. »
« Lorsque Corinne Digard est venue me présenter le projet, j’ai été tout de suite enthousiaste. On ne peut rester indifférent face à une telle initiative. Pour sortir les enfants en situation de handicap de l’exclusion, il faut qu’ils prennent une place dans notre monde, mais aussi que nous prenions une part du leur. L’art a ceci de magique qu’il permet cet échange en dehors de tout jugement. »