Il y a un an, à Coulommiers, l’association Aurore a lancé un chantier d'insertion spécialisé dans la réalisation et la vente de vêtements personnalisés. Ludivine fait partie de la petite équipe employée sur le chantier.
Après deux ans d’inactivité, cette ancienne libraire retrouve confiance en elle, apprend avec plaisir de nouveaux métiers et envisage sereinement son avenir professionnel. Une initiative soutenue par la Fondation Transdev.
« Le jour où je vais partir, ça va me faire un petit pincement au cœur », confie Ludivine. Il y a trois ans, si l’on avait dit à cette ancienne libraire qu’elle se passionnerait pour l’impression sur vêtement, elle n’y aurait probablement pas cru. Pourtant, cela fait maintenant 11 mois que la jeune femme de 32 ans travaille avec soin et enthousiasme sur le chantier d’insertion de l’association Aurore, à Coulommiers.
Créé il y a un an, cet atelier spécialisé dans la réalisation et la vente de vêtements personnalisés emploie 5 salariés, jusqu’ici éloignés de l’emploi. Une manière de se former à un ensemble de métiers dans des secteurs porteurs comme la vente, la logistique ou l’impression, mais surtout de reprendre confiance en soi après une longue période d’inactivité.
Le cercle vicieux du chômage
Pour Ludivine, le cauchemar débute en 2014, lorsqu’elle perd son emploi en librairie. Passionnée de littérature, la jeune femme, forte de son expérience passée, souhaite rester dans le secteur. Candidatures après candidatures, elle enchaîne les déconvenues. « Soit on me renvoyait au diplôme que je n’avais pas, soit c’était le permis de conduire qui manquait. » Les mois passent et le trou sur le CV s’agrandit. De quoi refroidir encore un peu plus les recruteurs.
« Ça ne me plaisait pas d’être au chômage, assure la jeune trentenaire. À force, il y avait une certaine honte qui commençait à s’installer. » Sans oublier la perte du logement, le retour chez les parents et la vie au RSA avec 540 euros par mois. Alors forcément, quand Pôle emploi lui parle d’un contrat de 26 heures sur le chantier de Coulommiers, la jeune femme accepte sans hésiter. « Pour moi, c’était l’idéal. »
Un chantier avec plusieurs métiers pour se former
Comme Ludivine, au sein de l’équipe, personne n’est vraiment du métier : les employés ont entre 23 et 56 ans, viennent des secteurs du bâtiment, du livre, ou de la comptabilité. « On a tous des parcours différents, poursuit Ludivine. Mais il y a un bon esprit d’équipe : si quelqu’un est en difficulté, on s’entraide. »
Secrétariat, gestion des commandes, logistique, infographie, impression des logos ou encore broderie pour les accessoires, sur le chantier, personne n’a vraiment de poste attitré. Chacun tourne pour se former aux différents métiers. « Moi, j’adore le flocage (NDLR : l’impression sur vêtement), poursuit Ludivine, je ne pensais pas que ça me plairait autant. Une fois, j’ai croisé quelqu’un qui portait une veste que j’avais floqueé, je ne m’y attendais pas, mais j’étais bien contente ! C’est vraiment un boulot où tu rentres le soir, tu te dis : j’ai bien charbonné, c’est gratifiant. »
Une entreprise qui motive les personnes en insertion
La petite entreprise de Seine-et-Marne ne connaît pas la crise et le carnet de commandes est toujours plein. Et pour cause : une réelle demande existe. C’est justement ce constat qui a poussé l’un des salariés d’Aurore, ancien patron d’une entreprise de vêtement sportif, à lancer l’idée de ce chantier.
Séduite, l’association qui œuvre pour la réinsertion socio-professionnelle des personnes exclues ou précaires porte le projet. Elle obtient le soutien financier de la Fondation Transdev pour l’achat d’équipement et de machines. « Bien sûr, il faut que l’activité économique fonctionne, explique Marc Ruelle, mais celle-ci n’est qu’un outil. Le chantier d’insertion fondamentalement est là pour redonner aux bénéficiaires l’estime d’eux-mêmes et l’envie de travailler. Et ça marche : on n’a pas eu un seul arrêt de travail en un an ! »
Préparer sereinement l’après avec des formations et du coaching
S’il fait bon vivre sur le chantier de Coulommiers, l’objectif n’est pas d’y rester. D’ailleurs, la durée du contrat insertion, renouvelable tous les six mois, ne peut dépasser deux ans. Pour préparer l’après, les employés peuvent profiter de nombreuses formations en lien ou non avec les métiers du chantier. Un rendez-vous individuel mensuel avec les conseillères en insertion rappelle aux bénéficiaires la nécessité de chercher un emploi.
Depuis le lancement du chantier il y a un an, deux des cinq travailleurs en insertion ont signé un CDI, laissant ainsi leur place sur le chantier à d’autres personnes en difficulté. Ludivine, elle aussi, a fait du chemin depuis son arrivée. « L’objectif au début, c’était de retrouver la motivation pour se lever le matin. Aujourd’hui, j’adore ce que je fais et j’envisage même de m’orienter vers l’impression. J’ai peut-être trouvé une nouvelle vocation. »