Dans le Département du Tarn, Otéma TSA innove pour aider les personnes autistes à accéder à l’emploi, du transport à la réalité virtuelle.
En milieu rural, l’éloignement géographique est un facteur aggravant les risques d’exclusion pour un public confronté quotidiennement à des difficultés de communication et une quasi-incapacité à se déplacer seul. Grâce à sa plateforme et ses ateliers de mobilité inclusive, l’association aide les personnes autistes à rompre l’isolement social et les accompagne vers le monde du travail en favorisant leur autonomie.
Quelques chiffres…
700K personnes en France, dont 100 000 enfants, sont atteintes de troubles du spectre de l’autisme (TSA)
95% des adultes autistes sont aujourd’hui sans emploi.
Le projet
Résultats et impact
Les premiers ateliers mobilité ont démarré en mars 2022 et se sont poursuivis au rythme d’une à deux sessions par mois avec des groupes de jeunes autistes.
Les projets de formation sont conçus avec les bénéficiaires en fonction de leurs besoins et mis en œuvre selon les cas en lien avec les familles et les structures de suivi médico-social. Pour faciliter les apprentissages, qui alternent des entraînements en individuel ou en groupe et des mises en situation sur le terrain avec utilisation d’un moyen de transport, l’association a fait l’acquisition début 2023 d’un outil numérique permettant de simuler des scénarios de déplacement et la préparation des trajets grâce à l’immersion en réalité virtuelle. Celle-ci est également utilisée dans le cadre des ateliers de découverte de métiers qu’Otéma TSA anime avec des groupes de jeunes avec autisme et avec des élèves scolarisés dans les classes ULIS des collèges du Tarn.
De son côté, la plateforme de mobilité continue de se développer. Rebaptisés SAMI (Services à la mobilité inclusive), la structure désormais affiliée au réseau national Mob’In s’adresse à tous les publics en parcours d’insertion professionnelle à qui elle propose les services classiques : bilan mobilité, ateliers individuels et collectifs d’apprentissage, aides financières, mise à disposition de véhicules si aucune autre solution n’est disponible. Dans le champ des mobilités et de l’accès à l’emploi, Otéma TSA reste cependant l’un des rares acteurs soucieux d’apporter des solutions conçues avec et pour les personnes autistes.
Pourquoi la mobilité sociale ?
« Savoir se déplacer n’est pas inné, cela s’apprend. C’est vrai pour tout le monde, et encore plus pour les personnes avec autisme qui présentent des difficultés d’interaction et de communication sociale. D’une manière générale, elles ont besoin de routines, et ont du mal à gérer les imprévus. Tout notre travail avec les jeunes en ateliers de mobilité vise à les amener progressivement à se déplacer en autonomie, en commençant par des trajets réguliers. L’acquisition de la mobilité est en but en soi, c’est également pour nous un moyen, en lien avec nos partenaires, d’accompagner les bénéficiaires dans la construction puis à réalisation d’un projet professionnel. »
« Le projet porté par l’association Otéma TSA relève à double titre de la mobilité inclusive. Il contribue d’une part à répondre à des difficultés de déplacement dans un territoire rural à faible densité humaine où les habitants sont souvent éloignés des réseaux de transport mis en place par les collectivités. Et d’autre part, en leur apportant un accompagnement sur-mesure, il participe à réduire l’exclusion sociale des personnes autistes que leurs difficultés à communiquer et à se déplacer tendent à marginaliser. Il nous invite, ce faisant, à porter sur ce public un tout autre regard. »
« Grâce aux ateliers et à la plateforme de mobilité, Luka est devenu quasiment autonome dans ses trajets quotidiens. Il prend le bus tout seul de Castres à Albi, puis depuis Albi jusqu’à son CEP où il fait de la mécanique. Et inversement pour le retour. Il a une application sur son téléphone qui lui permet de gérer ses déplacements en tenant compte des aléas. Cela change sa vie, la nôtre aussi en tant que parents – à un moment donné, j’étais devenu le chauffeur de mon fils ! Luka n’a pas seulement appris à s’orienter dans l’espace et le temps, mais aussi à interagir avec d’autres personnes dans des environnements qui ne lui sont pas familiers. Il n’est pas encore dans la maîtrise totale, en cas d’imprévu, il a besoin d’être aidé. Mais il progresse tous les jours ! »