Le média associatif Kaina TV, installé dans le quartier de la Paillade à Montpellier, forme chaque année neuf jeunes en difficulté d’insertion aux métiers de l’audiovisuel.
Loa, 18 ans et Soufia, 22 ans, font partie de la 3e promotion des Reporters Citoyens Numériques soutenue par la Fondation Transdev. En neuf mois de service civique, les deux jeunes femmes ont appris les bases techniques de la réalisation vidéo et le travail en équipe et acquis également des savoir-faire et savoir-être, applicables à tout type de métiers. Une expérience qui les a fait grandir.
Il y a un peu plus d’un an, Soufia, 22 ans et Loa, 18 ans, ne se connaissaient même pas. Après neuf mois de formation aux métiers de l’audiovisuel au sein du média associatif montpelliérain Kaina TV, les deux jeunes femmes sont désormais copines et estiment avoir beaucoup appris lors de leur service civique à Montpellier. « Ça a été l’opportunité de découvrir un nouveau domaine, de valoriser mon quartier et de prendre confiance en moi », confie Soufia. « J’ai acquis des compétences techniques utiles pour mes études et ça m’a fait grandir », poursuit Loa.
Trouver sa voie professionnelle
Loa doit son arrivée à Kaina TV à sa volonté d’effectuer une mission en service civique. « Je voulais déjà travailler dans l’image, alors quand je suis tombée sur l’offre de Kaina TV, je suis allée à la réunion d’information, et dès le premier contact, j’ai adoré le programme, leur volonté de valoriser des témoignages qu’on n’a pas l’habitude d’entendre et l’ambiance. »
Soufia, elle, cherchait une formation et souhaitait acquérir des compétences valorisables dans son projet professionnel : « Je connaissais Kaina TV, j’habite le quartier et je passe devant tous les jours. Une amie m’a parlé du programme, j’aimais l’idée de pouvoir parler de mon quartier alors, je me suis lancée. » Les candidatures des deux jeunes filles sont retenues.
Le projet Reporters Citoyens Numériques a été créé en 2015 par le média de proximité Kaina TV, installé au cœur du quartier Mosson (dit La Paillade), à Montpellier. Son objectif : redynamiser le parcours personnel et professionnel de neuf jeunes, sans emploi et non-inscrits dans un programme d’études ou de formation, autrement dit en voie d’exclusion. Au cours de leur mission de service civique, ces reporters en herbe réalisent des reportages, des émissions ou des documentaires valorisant notamment les quartiers populaires et montent des projets collectifs. Une année professionnalisante pour des jeunes comme Loa et Soufia en difficulté ou en recherche d’orientation.
Un travail d’équipe au cœur d’un programme local
Loa et Soufia intègrent la 3e promotion du programme Reporters Citoyens Numériques en septembre 2017. Parmi les neuf recrues, les profils sont variés : « On était tous très différents, raconte Loa. Certains ont grandi dans le quartier de la Paillade, d’autres y habitent depuis moins de temps. L’ambiance était vraiment très chouette, on s’apportait tous mutuellement quelque chose. » L’équipe s’organise comme une petite rédaction quotidienne. Chaque matin, les « conf’ de rédac’ » déterminent les sujets à venir. Les jeunes reporters partent ensuite sur le terrain, réalisent des reportages sur le quartier de la Paillade, filment des concerts ou encore des manifestations à Montpellier. « Le fait de pouvoir valoriser mon quartier par mes reportages, c’était vraiment top, estime Soufia, car en général, quand on parle de la Paillade, c’est pour en dire du mal. Pourtant, il s’y passe des choses très bien. »
Les jeunes reporters apprennent à maîtriser toutes les étapes de la production audiovisuelle, du tournage (prise de vue et prise de son) à la diffusion, en passant par le montage. Ils bénéficient également de modules de formation dispensés par des écoles de journalisme partenaires, comme L’ESJ pro ou des radios locales comme Radio Clapas. Passé l’initiation à la technique, les jeunes volontaires s’autonomisent et commencent à proposer leurs propres sujets : « Vers chez moi, il y a énormément de passage de migrants. Je l’ai proposé, ça a été accepté et nous sommes partis pendant six jours tourner ce sujet, c’était très chouette », explique Loa. L’équipe part également au Maroc pour réaliser un documentaire sur l’émigration des habitants de la ville de Tinghir vers la France et notamment le quartier de la Paillade.
Compétences techniques et confiance en soi : un chemin vers l’emploi
Sur les neuf Reporters Citoyens de la promotion 2017-2018, sept d’entre eux ont trouvé un travail ou une formation à l’issue de leur volontariat. Depuis septembre dernier, Loa a intégré un BTS audiovisuel en Île-de-France. Quant à Soufia, elle travaille actuellement comme manutentionnaire pour pouvoir se payer une voiture et gagner en indépendance. Ensuite, elle souhaite se diriger vers le secteur du tourisme et espère pouvoir valoriser les compétences acquises à Kaina TV, notamment pour la captation d’évènements.
De l’avis des deux jeunes femmes, cette expérience collective aura été particulièrement constructive sur le plan personnel et professionnel. « Au début, j’avais du mal pour les interviews, j’étais timide, se souvient Soufia, alors qu’à la fin, je savais comment aborder les gens. Aujourd’hui, on me parle de logiciels de montage comme Final Cut ou Adobe, je connais et en plus, je sais les utiliser. » Pour Loa, qui se destinait déjà aux métiers de l’image, « la formation à Kaina TV m’a apporté beaucoup de compétences pour la suite, mais aussi dans la relation aux autres et en termes de confiance en moi. »