Bien accompagnées, les personnes en surpoids peuvent reprendre confiance en elles et se remettre en mouvement. C'est la démonstration faite chaque jour par l'association lyonnaise Fort en sport.
C’est l’expérience vécue par Carole Mathieu qui, grâce à elle, a retrouvé le goût de l’effort et de l’engagement.
Dépasser ses limites
Chaque jour, avant ou après son travail, Carole Mathieu se rend au dojo Undokaï, derrière le quartier de la Part-Dieu, dans le centre de Lyon. Là, pendant une petite heure, elle enchaîne exercices d’endurance sur machines, gymnastique au sol et cardio-training, suivant un protocole soigneusement mis au point avec son intervenante, Coralie Dumoulin, docteure en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS, mention activité physique adaptée). En cette rentrée, pas question de « lever le pied » : en mai, Carole doit participer pour la troisième fois au défi national « Courir pour elles » et, pour la première fois, à l’Oxfam Trailwalker : 100 kilomètres de marche en 30 heures, par équipe de 4.
Cette performance est à sa portée. Son dernier test d’effort a mesuré ses capacités cardio-respiratoires à 170 % de la moyenne des femmes de son âge. Carole n’aurait jamais imaginé retrouver une telle forme, à 51 ans…
Remonter la pente
« Jusqu’à 18 ans, j’ai pratiqué le judo à un très haut niveau, raconte-t-elle volontiers. Dès que j’ai arrêté, j’ai commencé à grossir. 3 grossesses, un travail sédentaire et de mauvaises habitudes alimentaires n’ont rien arrangé et je me suis retrouvé en surpoids important, sans jamais parvenir à inverser le phénomène. Il y a 4 ans, j’ai connu un très gros pépin de santé. Sans ménagement, le médecin m’a dit que ma survie ne dépendait que de moi.
Ça a été un choc. En me documentant, j’ai découvert l’association « Fort en sport », j’ai rencontré Coralie et, quand j’ai repris le travail, j’ai demandé un aménagement de mes horaires pour participer aux séances en groupe. Et j’ai commencé à remonter la pente… »
Un accompagnement global
Créée par Fabrice Ponsin, professeur associé en STAPS, et Sébastien Le Page, chirurgien digestif et bariatrique, Fort en sport s’inscrit résolument dans la série des plans nationaux destinés à lutter contre l’obésité et plus généralement le surpoids, qui ne cessent de progresser dans la population. Son action repose sur un constat largement partagé : seul un programme de remise en forme complet, mis en œuvre sur plusieurs années par des professionnels spécialisés, permet d’obtenir des résultats durables.
Patiemment, son équipe a mis au point un protocole d’activités physiques adaptées, complétées par des séances de diététique et un soutien psychologique. Suivant son niveau, chaque candidat intègre un groupe, avec lequel il progressera pendant 2 ans.
L’importance du groupe
« Pour faire évoluer leur situation, les personnes en surpoids ont besoin d’être comprises et soutenues, à l’abri des regards blessants, explique Fabrice Ponsin, président de l’association. Le groupe joue à la fois un rôle protecteur et moteur dans la dynamique qui se met en place. Très vite, chaque « promo » se retrouve à l’extérieur, pour passer de bons moments ensemble… Ces liens demeurent quand les personnes quittent l’association pour voler de leurs propres ailes ou passent, comme Carole, à un coaching plus individuel.
C’est évidemment notre objectif : que les personnes reprennent confiance en elles et deviennent capables de préserver et de développer elles-mêmes leur capital santé et leur capacité d’agir. »
Des journées chargées
Désormais, les journées de Carole ne s’achèvent pas avec la vie de famille, le travail ni même l’entraînement. Depuis qu’elle a perdu du poids et retrouvé la santé, elle a pris des responsabilités dans plusieurs associations.
L’une d’elle œuvre notamment au maintien à domicile des personnes âgées sur la métropole lyonnaise. « À cause du surpoids, je m’étais renfermée sur moi-même. J’ai retrouvé ma capacité d’engagement. Parce que je suis plus en forme, mais aussi parce que je n’ai plus honte de moi. Et même si je n’ai pas encore le physique de mes rêves, je vais à la piscine ou au Badmington quand j’en ai envie, en assumant le regard des autres et, surtout, celui de mes enfants. »
Deux nouvelles antennes
Les résultats obtenus ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques. Fort en sport travaille aujourd’hui à rendre son protocole accessible au plus grand nombre. Une première antenne a été ouverte en 2016 à Bourgoin-Jallieu puis une autre dans un secteur plus rural, à Voiron, en 2018.
C’est pour équiper cette dernière en matériels adaptés que la Fondation Transdev lui a apporté son soutien : comment aurait-elle pu rester indifférente à un projet qui, non content d’améliorer la santé de ses participants, leur permet aussi de retrouver le chemin d’une vie sociale plus active et même, pour certains, le chemin de l’emploi ?
QUELQUES CHIFFRES…
150 à 200 personnes suivies chaque année
30% des personnes au chômage qui intègrent l’association retrouvent du travail sous deux ans
4 kg et 7 cm de tour de taille en moyenne perdus chaque année par les participants