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Miser sur la confiance pour prévenir la rupture

Médiation sociale

Terminé

À Argenteuil dans le Val-d'Oise, l’association Le Valdocco accompagne des jeunes de 16 à 25 ans des quartiers prioritaires dans des parcours de remobilisation et d’insertion.

Au cœur de la démarche : la médiation famille-école-cité et l’organisation de chantiers éducatifs de proximité où est mise en œuvre une pédagogie positive fondée sur la prévention, la confiance et l’alliance avec les jeunes considérés comme les acteurs de la réussite de leur parcours.

Quelques chiffres

43 % de taux de chômage chez les jeunes de moins de 25 ans vivant dans les quartiers prioritaires d’Argenteuil

1.2K enfants et adolescents bénéficiaires d’un soutien éducatif

8 chantiers réalisés en 2020-2021

Le projet

Pourquoi ?

Dans les quartiers d’intervention du Valdocco les moins de-25 ans sont la tranche d’âge la plus fortement touchée par le chômage. Parmi les jeunes accompagnés par les éducateurs de l’association, beaucoup ont connu un parcours d’échec scolaire et grandi dans une situation familiale extrêmement précaire. Sans diplôme, démunis de ressources économiques, sociales et culturelles, leur seul lieu de socialisation est le quartier. S’il existe bien dans ces quartiers une offre de formation via différentes structures d’insertion, ces jeunes en déshérence y sont difficilement accès du fait d’une incapacité à s’inscrire dans la durée et dans le cadre professionnel exigés par ces dispositifs. Face à cette impasse, le Valdocco se veut un maillon manquant entre la rue et l’offre d’insertion et de formation.

Comment ?

L’association a été fondée à Argenteuil dans le contexte des émeutes urbaines du début des années 1990, par un collectif d’habitants inquiets pour le devenir de leurs enfants. Avec l’aide des Salésiens de Don Bosco, et selon la pédagogie de leur fondateur, ils ont mis en place dans les quartiers sensibles des actions de prévention fondées sur une approche globale, afin d’accompagner les jeunes à partir d’un an dans des parcours de réussite éducative intégrant leurs différents environnements : la famille, l’école et la cité. Les chantiers de proximité s’inscrivent dans cette démarche d’ensemble, en s’adressant plus spécifiquement à des 16-25 ans qui n’ont plus de quotidien cadré et ont besoin de créer ou recréer des relations de confiance avec les adultes et les institutions. Il s’agit généralement de travaux d’utilité collective, portant sur la réfection de locaux ou de halls d’immeubles confiés à l’association par les bailleurs sociaux présents dans les quartiers. En 2020, le Valdocco a fait appel à la fondation pour l’aider à pérenniser cette initiative qui permet aux jeunes participants de valoriser des compétences et des qualités en vue de se remobiliser.

L’engagement de la fondation

Le Valdocco accompagne aujourd’hui des jeunes et leurs et familles à Argenteuil mais aussi à Lille, Nice, Marseille et dans le Grand Lyon. L’association est largement reconnue pour ses actions de prévention du décrochage scolaire, de médiation sociale et d’insertion professionnelle qu’elle mène dans les quartiers sensibles en lien étroit avec les parents et les écoles. La démarche s’inspire, en l’actualisant dans la réalité contemporaine des banlieues, de la pédagogie préventive et l’éducation basé sur la confiance préconisée par le prêtre italien Jean (Don) Bosco 1815-1888) à l’époque de la révolution industrielle. Cette confiance est bien la clé du travail de rue effectué par les équipes d’éducateurs spécialisés dans quatre quartiers prioritaires d’Argenteuil. Les jeunes rencontrés sont ensuite accueillis s’ils le souhaitent dans des locaux en pied d’immeuble, ponctuellement ou dans le cadre d’un suivi éducatif durable. C’est là, dans ce contexte à la fois bienveillant et exigeant, que sont programmées et préparées avec les intéressés de nombreuses activités qui vont des sorties et séjours aux chantiers éducatifs vers l’insertion, dans une posture d’accompagnement en ligne avec toutes les valeurs de la fondation. La subvention de 15 000 € a financé les rémunérations des heures de travail des jeunes mobilisés sur ces chantiers, celle de leur éducateur technique ainsi que des formations premiers secours.

Résultats et impacts

Une quarantaine de jeunes ont participé au programme en 2020-2021, sous forme de petits groupes de quatre ou cinq personnes qui ont été embauchés sur des chantiers d’un mois encadrés par un éducateur technique.

Certains participants étaient déjà suivis par les éducateurs, l’objectif était alors de leur proposer une action de remobilisation, pour renouer un lien et donner un coup de pouce à leur parcours ou leur projet. Pour d’autres jeunes, inconnus de l’association, rencontrés lors du travail de rue ou orientés par un partenaire, le chantier éducatif a été un support pour nouer la relation de confiance indispensable au travail éducatif. Après une phase de préparation en amont, et la définition des objectifs pour chaque jeune, au temps de travail sur le chantier – à raison de 20 h par semaine – se sont ajoutées des formations au brevet de premier secours (PSC1) et des sensibilisations via des rencontres avec la Mission locale et l’École de la deuxième chance d’Argenteuil.  À l’issue d’un bilan post-chantier, le suivi personnalisé s’est poursuivi avec des points à six mois et un an. Chaque bénéficiaire a été ainsi accompagné et soutenu dans ses démarches tout au long de cette année de parcours éducatif, avec la possibilité d’enchaîner si besoin sur plusieurs mois de chantier.

Pourquoi la mobilité sociale ?

Anaïs Battier, DRH Transdev pôle Île-de-France Nord, marraine de la Fondation Transdev

« Les jeunes d’Argenteuil prennent nos bus tous les jours pour aller à l’école ou sortir voir leurs amis. Pour Transdev, qui est un acteur de la ville en matière d’emploi, il était naturel de s’engager auprès d’une association qui aide les plus âgés à rebondir dans un parcours professionnalisant.  Dans ces chantiers, ils acquièrent les premières bases d’un emploi :arriver à l’heure, travailler en sécurité, faire du mieux possible la tâche pour laquelle ils sont payés, etc. Ils sont également sensibilisés aux règles du bien vivre ensemble qui valent autant dans nos véhicules qu’au travail ! »

Clotilde di Dominico, chef de service association Valdocco

« En sortie de chantiers, les jeunes qui se sont remis en mouvement sont souvent rattrapés par la réalité d’un marché du travail qui, tel qu’il est, n’a pas grand-chose à leur offrir. Pour un tiers d’entre eux, la dynamique ne retombe pas.  Ils parviennent à raccrocher avec une formation ou des dispositifs d’insertion. Chez les autres, l’amélioration est fragile, faute de solution à leur proposer. Ce qui manque, c’est l’étape suivante. Avec la Ville, nous sommes aujourd’hui en réflexion pour aller plus loin. »

Erwan Bekhtaoui, bénéficiaire

« J’ai participé à deux chantiers en l’espace de deux ans. Entre temps, j’ai alterné des périodes de travail et de chômage. Cette année, nous avons repeint un local à vélos utilisé par les enfants du quartier, qui avait bien besoin d’être remis à neuf. J’aurais aimé, quand j’avais leur âge, que des plus grands fassent la même chose pour moi ! J’ai pu ainsi rendre service à d’autres jeunes, tout en gagnant un peu d’argent et en faisant des découvertes sur le plan professionnel. Aujourd’hui, j’envisage de reprendre une formation. »

Pour aller plus loin…

Association Le Valdocco

32 avenue Georges Clemenceau

95100 Argenteuil

valdocco.argenteuil@gmail.com

Site internet