Retour aux projets

Libres comme l’air

Médiation sociale

Terminé

À Celles-sur-Ource dans l’Aube, des handicapés moteurs ont construit leur avion afin de voler de leurs propres ailes

C’est un projet unique en France et en Europe, à double titre. Alors que le handipilotage se pratique depuis quelques années sur des avions « standards » adaptés, il s’agit du premier appareil dans lequel tout l’environnement du pilote – de la cellule surbaissée aux commandes 100 % manuelles en passant par la conception des sièges – a été pensé dès le départ pour des personnes privées de l’usage de leurs membres inférieurs. Autre grande première, cet avion léger de quatre places de type Oceanair a été entièrement pensé et réalisé par ses futurs utilisateurs eux-mêmes.

Quelques chiffres…

4 constructeurs paraplégiques

4 années pour construire l’avion

5K heures de travail

Le projet

Pourquoi ?

S’affranchir de la pesanteur aux commandes de son avion : pour beaucoup de personnes en fauteuil, cela restait un rêve inaccessible.

Comment ?

un groupe de passionnés a repoussé les limites du handicap en fabriquant un appareil entièrement conçu pour et par des personnes privées de l’usage de leurs jambes.

Quel dispositif ?

Jacques Packo, qui préside l’association RSA Champagne Sud, avait déjà construit par le passé plusieurs avions légers, dont un appareil fabriqué avec un groupe de jeunes de 13 ans. « Libres comme l’air », son défi suivant, a démarré en 2011. Dans un atelier spécialement aménagé, quatre constructeurs handicapés encadrés par des bénévoles ont imaginé et fabriqué l’avion dont ils rêvaient. Le projet a été mené en collaboration avec le Comité départemental Handisport de l’Aube et l’Aéroclub de Bar-sur-Seine, et avec l’appui de nombreux partenaires dont la Fondation Transdev qui a apporté son soutien financier en 2015.

Résultats et impact

Pari gagné : après quatre ans de travail, le baptême de l’avion a eu lieu le 3 septembre 2016. L’autorisation de la Direction générale de l’aviation civile a permis d’engager les vols d’essai et les dernières mises au point.

L’homologation définitive est attendue pour le printemps 2017. Mais pour l’équipe, l’histoire ne fait que commencer. Le prototype va faire un tour de France des aéroclubs et salons aéronautiques – dont celui du Bourget en 2017 – pour susciter d’autres vocations. Quant aux quatre constructeurs, ils ont été touchés par le virus : ils se préparent à passer leur brevet de pilotage amateur, certains songent même à faire de l’aviation un métier…

Pourquoi la mobilité sociale ?

Jacques Packo, Président de RSA Champagne Sud

«  Construire de A à Z, avec des personnes en fauteuil qui au départ ne connaissaient rien à l’aéronautique, un appareil 100 % conçu pour le handipilotage : cela ne s’était jamais fait. L’équipe a identifié tout ce qui pouvait gêner ou limiter la liberté d’action d’un handicapé, puis trouvé des solutions en déployant des trésors d’ingéniosité. J’espère que cette belle réussite va inspirer d’autres initiatives en France comme ailleurs. »

A. Kénédhine, membre de l’équipe de construction et demandeur d’emploi

« Lorsque j’étais enfant, je fréquentais un centre de rééducation qui jouxtait une base aérienne. Je m’imaginais être un jour à la place des pilotes de chasse aux commandes de leurs avions. Puis j’ai compris que cela me serait interdit à jamais, tout comme le métier de pilote de ligne. Aujourd’hui, aux commandes de mon avion, je me dis que j’ai quand même réalisé l’impossible ! »

Eddy Rousseau, sellier-garnisseur aux Courriers de l’Aube

« Pour tous celles et ceux qui ont eu comme moi la chance d’accompagner de près ou de loin ce projet magnifique, la motivation, l’énergie et l’enthousiasme dont rayonnait l’équipe de constructeurs, en dépit de toutes les difficultés dues au handicap, resteront une véritable leçon de vie. »

Pour aller plus loin…

Association Réseau des Sports de l’Air (RSA) Champagne Sud

1 Rue Coulon,

10110, Ville-sur-Arce