À Béziers, dans l’Hérault, c’est avec des carrioles que les mères ouvrent des lieux de parole devant les écoles des quartiers.
L’ensemble des actions que l’association Luoga (« le lieu » en vieil occitan) développe depuis 2012 à Béziers participent d’une même ambition : travailler avec les publics exclus, stigmatisés, à titre individuel ou collectif, afin de construire avec eux des passerelles pérennes permettant aux personnes concernées de s’affirmer en tant que citoyens, acteurs du territoire où ils vivent.
Quelques chiffres…
9 écoles impliquées en 2017
3K bénéficiaires
Le projet
Résultats et impact
Le premier collectif a vu le jour en 2014, sur fond de tensions entre communautés, mais aussi entre les écoles et des groupes de parents. Puis la mise en œuvre du dispositif s’est accélérée après les attentats terroristes de 2015.
Dans ces quartiers forte population d’origine immigrée, l’absence de dialogue autour des questions culturelles ou religieuses n’avait fait que renforcer les fractures, dans un contexte politique local qui ne facilite pas la libération de la parole. Dès l’année scolaire 2016-2017, les carrioles étaient présentes dans trois groupes scolaires, soit six écoles maternelles ou élémentaires du quartier de la Devèze et du centre-ville de Béziers. Sur l’année scolaire 2017-2018, qui a vu la fondation Transdev apporter son soutien financier au dispositif de formation des mères, neuf écoles étaient concernées, l’objectif étant d’avoir des carrioles actives dans huit groupes scolaires à la fin de 2018.
Forte des bilans extrêmement positifs des premières actions, l’association veut cependant aller plus loin. Tout en continuant à le déployer à Béziers, elle prépare l’essaimage du projet dans d’autres villes ou régions rurales, de façon à créer progressivement un réseau national de « femmes de carrioles ». Luoga va par ailleurs développer de nouveaux outils mobiles innovants, complémentaires des Carrioles.
Pourquoi la mobilité sociale ?
« Les Carrioles sont des espaces publics à double-face : d’un côté, pour les mères engagées dans les collectifs de femmes qui les portent, ce sont de vrais lieux d’émancipation ; et une carriole en activité est en même temps un espace d’intégration pour tout le public de l’école, autrement dit pour les familles du quartier dans toute leur diversité. »
« Les Carrioles se veulent apolitiques, laïques, médiatrices et fédératrices. L’initiative colle parfaitement au contexte biterrois, et l’association a su le développer en gardant son indépendance. L’originalité, la pertinence mais aussi la maturité de ce projet sont à mes yeux autant de raisons de le soutenir. »