Les « wakeurs » contre la récidive

L’association Wake up Café (WKF), née en 2014 en Île-de-France, accompagne des personnes détenues ou sortant de détention motivées pour être soutenues vers une réinsertion durable, sans retour à la « case prison ». On constate en effet un taux élevé de récidive dans cette population, qui s’explique par de nombreux facteurs. Les barrières dans l’accès à une activité professionnelle et au logement, les problèmes de santé et en particulier les addictions à l’alcool et aux substances illicites, le difficile (ré)apprentissage de la vie en société, et, plus généralement, l’isolement, sont autant d’obstacles à une sortie définitive du cercle vicieux de la délinquance et de l’enfermement. C’est pour leur permettre d’échapper à cette « fatalité » que l’association propose à des détenus et anciens détenus volontaires de les accompagner, sans limite de temps, jusqu’à leur réinsertion complète. Elle s’appuie pour cela sur cinq leviers principaux : la reconstruction de soi, l’emploi, le logement, la santé et les démarches administratives. En aidant les personnes accompagnées – les « wakeurs » – à améliorer leurs conditions de vie, WKF contribue à construire une société plus inclusive.

La démarche de WKF repose sur suivi sur mesure dedans/dehors. En détention, ce suivi prend la forme d’un temps de remobilisation et de préparation à la sortie, incluant des ateliers artistiques et culturels proposés aux détenus en collaboration avec l’administration pénitentiaire. Lorsqu’ils sortent de prison, avec l’appui des bénévoles et des intervenants de l’association, les wakeurs s’engagent à temps plein dans un parcours personnalisé jusqu’à leur entrée dans à un emploi ou dans une formation. Deux dispositifs sont déterminants dans la réussite de cet accompagnement : les wakeurs intègrent une communauté d’entraide qui leur offre un cadre, une expérience de vie collective dans les lieux d’accueil de WKF, et permet aux nouveaux de s’inspirer des parcours de réinsertion des anciens ; parallèlement, l’association anime un écosystème d’entreprises, d’associations et d’institutions partenaires pour démultiplier les opportunités offertes aux bénéficiaires. L’efficacité de ce modèle d’accompagnement, tel qu’il a été déployé d’abord en Île-de-France, est aujourd’hui reconnue par le Ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire. C’est d’ailleurs à leur demande que l’association a ouvert en mars 2020 un nouveau site à Montpellier, dans le cadre d’un projet de développement soutenu par la Fondation Transdev.

Lutter contre la récidive, c’est lutter contre la délinquance ; c’est aussi – sans oublier les victimes –aider les ex-détenus à retrouver une place dans la société en combattant les préjugés. Wake up Café le démontre jour après jour : l’échec de la réinsertion n’a rien d’inéluctable. Préparer et réussir la sortie de prison, cela marche lorsque la personne est volontaire et que des mains se tendent pour l’aider à avancer. Quand on sort de détention, souvent, on n’a plus rien. On est confronté à un vide, sans savoir que faire ni où aller. WKF répond à cette déshérence en misant sur la coopération pour soutenir la reconstruction et la remobilisation de chacun autour d’un projet. Cet accompagnement nécessite des moyens, parmi lesquels des moyens de mobilité. La Fondation Transdev y a contribué avec une subvention de 10 000 € apportée en 2021 à l’antenne de Montpellier, pour l’acquisition d’un véhicule utilitaire et le financement de sorties et déplacements organisés dans le cadre des parcours de réinsertion.