Rendre le théâtre plus accessible au sens physique comme au plan culturel : telle est l’ambition du projet mis en œuvre à Saint-Denis (93) par le Théâtre Gérard Philipe et ses partenaires.
Situé au cœur d’un quartier populaire, très dense de Saint-Denis dans la proche périphérie parisienne, le centre dramatique national Gérard Philipe accueille chaque année 40 000 spectateurs, dont un tiers vient chaque soir pour la première fois.
Quelques chiffres…
40K spectateurs à l’année dont 1/4 réside à Saint-Denis
7 stagiaires accueillis
226K€ budget global du projet
Le projet
Résultats et impact
Le projet soutenu par la fondation Transdev comporte deux « étapes » : d’abord un chantier créatif pour la conception d’un avant-projet de signalétique, suivi d’un chantier-école pour la finalisation du projet et sa réalisation.
Le chantier créatif a réuni en octobre et novembre sept jeunes de quartiers de Saint-Denis en stage rémunéré, encadrés par les designers du collectif « Bonjour Cascade » et accompagnés sur le plan socio-professionnel. Tous étaient éloignés du milieu scolaire ou de l’emploi depuis au moins un an. Ce stage a comporté notamment une immersion dans le monde du théâtre et une découverte de ses métiers, des visites de lieux culturels à Saint-Denis et à Paris, des rencontres avec de nombreux professionnels, ainsi que des ateliers de création visuelle et spatiale débouchant sur un avant-projet. Tous les participants ont été remis dans une dynamique positive, et deux d’entre eux ont intégré l’équipe des hôtes d’accueil du TGP à l’année.
La deuxième phase du projet devait rassembler cinq personnes en recherche d’emploi pour fabriquer la signalétique à partir de maquettes de l’avant-projet réalisées par « Bonjour Cascade ». La suppression par la Région Ile-de-France du dispositif « chantier école » et des aides financières associées a retardé sa mise en œuvre et conduit à substituer des contrats en CCD aux emplois aidés prévus initialement. Le démarrage de la fabrication est prévu pour janvier 2018 et la livraison de la signalétique pour la fin du premier trimestre.
Pourquoi la mobilité sociale ?
« Alors que nos stagiaires étaient tous dans des situations difficiles et n’avaient au départ aucun contact avec le monde de l’art et de la culture, ils sont allés au bout de la démarche. Nous ne sommes pas des spécialistes de la formation ni de l’insertion, peut-être cela a-t-il contribué à élargir leur horizon, en leur offrant la possibilité d’un parcours différent. La meilleure preuve de la réussite du projet : aujourd’hui, ils viennent au théâtre quand on les y invite. »
« Le théâtre reste aujourd’hui encore une pratique culturelle largement exclusive. Beaucoup de gens, y compris dans les jeunes générations, considèrent que ce n’est pas pour eux. Depuis toujours le Théâtre Gérard Philippe s’efforce de casser cette frontière, de proposer un vrai théâtre populaire et ouvert sur la ville. C’est tout le sens de ce projet à double détente, puisqu’il donne en même temps à des jeunes une chance de se réaliser. »
« Au départ je n’étais pas à la recherche d’un emploi mais d’une formation d’électricien en alternance. Quand la Mission locale m’a proposé ce stage, je n’avais pas j’avais mis les pieds dans un théâtre, je ne connaissais rien non plus à la signalétique. Je pense que demain, ce sera pour moi une fierté de voir dans la rue ce que j’aurai contribué à réaliser. Et puis ce n’était pas prévu, mais à l’issue du stage j’ai été embauché à temps partiel à l’accueil du TGP ! »